Né en Argentine en 1916, Helenio Herrera Gavilan traverse rapidement l’Atlantique avec ses parents pour rejoindre le Maroc dans un premier temps puis la France. C’est d’ailleurs sur le Vieux Continent que le défenseur argentin effectue la majeure partie de sa carrière somme toute modeste en termes de titres glanés. Retiré des terrains en 1945, Herrera entame sa seconde carrière dans le football en prenant les rênes du Stade Français pendant trois saisons. Durant ces premières années passées à la tête d’un club, il échoue de peu à apporter un premier trophée au club francilien lorsqu’il amène l’équipe jusqu’en demie finale de la coupe nationale. En 1948, celui qui a été naturalisé français franchit les Pyrénées en rejoignant le Réal Valladolid. Le début de sa carrière internationale et sa moisson de trophée peut alors commencer.
En Espagne, il entraîne succinctement en 14 ans l’Atlético de Madrid, Malaga, le Déportivo La Corogne puis le FC Séville puis le FC Barcelone avant d’être nommé à la tête de la sélection ibérique. Son impressionnant CV lui permet d'être recruté en 1960 par le géant italien de l’Inter Milan. C’est dans le club lombard que la carrière du tacticien franco-argentin va réellement exploser. En huit saisons sur le banc milanais, il impose son style de jeu basé sur une impressionnante discipline défensive. C’est d’ailleurs sous la houlette de l’entraîneur Herrera que l’équipe fut surnommée par les observateurs Grande Inter tant les résultats étaient impressionnants. Il a pensé et inventé son système en 3-2-2-3 de manière à ce que la disposition des joueurs sur le terrain forme la lettre “M” en phase défensive et “W” pour les offensifs. Son principe de pyramide inversée fait des merveilles : durant son aventure en Lombardie, il empoche plusieurs titres de champions d’Italie et deux Ligue des Champions, ce qui lui vaut le surnom de Signore Mister de la part de ses joueurs. L’Inter était très redoutée au point même d’être considérée comme la meilleure du monde durant les années Herrera.
Le système mis en place par le tacticien est appelé le Catenaccio ce qui signifie le verrou. Son plan de jeu, fondé sur la rigueur de ses bases arrières, est encore aujourd'hui très ancré dans le football italien. Le terme de catenaccio était pourtant un terme auquel il ne goûtait guère puisqu’il refusait de se voir assimilé une étiquette d'entraîneur au profil défensif. Copié par d'innombrables entraîneurs, Herrera rompt avec les idées de son époque plutôt portées sur l’offensive à outrance au détriment de la solidité défensive.
Helenio Herrera était un pragmatique. Avec lui très peu de place pour les facéties et les dribbles sans réel apport à la progression du jeu vers l'avant. À la récupération du ballon, ses ailiers étaient sommés de vite se porter en direction du but adverse pour profiter du déséquilibre lié à la contre attaque. C’est d’ailleurs sous Herrera que naît le terme de “couloir” pour évoquer les joueurs évoluant sur la latéralité du terrain.
Au-delà de l’aspect tactique, Herrera a révolutionné l’entraînement dit invisible des joueurs. Durant ses différents mandats, il a insisté sur l’impact de l'alimentation chez le footballeur. Il fut l’un des premiers à penser qu’une hygiène de vie irréprochable (sommeil réparateur, récupération longue, réduction des activités extra-sportives…) était indispensable pour performer sur le terrain. La préparation mentale à été également l’un des éléments moteur de son programme d’entraînement notamment en donnant une grande importance au concept de la mise au vert pour ses joueurs et le staff avant les rencontres.
Disparu en 1997, Helenio Herrera a profondément révolutionné le métier d’entraîneur. Il est considéré par ses pairs comme l'un des plus grands techniciens de l’histoire de son sport par l'efficacité et la pérennité de son projet de jeu.